1600.- Sectes Religieuses

Classification Religions et Croyances

 

La misère est une calamité qui attire les opportunistes dont les sectes religieuses. Haiti étant un pays où la misère est endémique, il constitue une attraction privilégiée pour ces groupes, surtout ceux venant des États-Unis d’Amérique et économiquement bien pourvus.

Quoique la présence des sectes religieuses en Haiti remonte à l’occupation américaine, elles commencèrent à  proliférer au temps de la présidence de François Duvalier qui, sans les encourager publiquement, acceptait leur présence comme arme de division et comme contrebalance dans son projet de vassalisation de l’Église catholique. Dans leurs démarches publiques, elles se montraient apolitiques, ce qui plaisait au président qui ne les percevait pas comme un danger pouvant menacer la survie de son gouvernement. Cette présence s’intensifie dans les années 1970 et atteint un pic après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

En fait, tout de suite après cette catastrophe, les représentants de plusieurs sectes qui n’étaient pas présentes jusqu’alors en Haiti, débarquèrent faisant croire que leur arrivée répondait aux urgences du moment, insérant toutefois dans leur bagage des écrits doctrinaux. Leur élan humanitaire cachait mal leur projet prosélytiste. Se faire des adeptes, tel était leur but. Ils venaient pour combattre non seulement le vodou, mais aussi pour pousser les fidèles catholiques à s’insurger contre leur religion et, si l’occasion se présente, rogner un peu le territoire des autres cultes réformés longtemps établis dans le pays. Avec les fonds dont elles disposent, elles arrivent sans trop d’effort à atteindre en partie ce but, aidés certes de prédicateurs locaux qu’ils supportaient économiquement. Leurs adeptes ont tendance à être moins critiques de la situation socio-économique et acceptent leur condition comme faisant partie du plan de Dieu.

Leurs représentants agissent souvent comme des missionnaires politiquement anodins, mais on découvre souvent que certains jouent un rôle d’informateurs auprès des services de renseignement de leur pays pour ainsi les aider à avoir un profil toujours à jour des Haïtiens.

Parce que ces sectes vivent en dehors des croyances authentiquement chrétiennes et des valeurs purement évangéliques (se fiant plus aux écrits de leurs fondateurs, ou privilégiant certaines parts de la Bible), et parce qu’elles se présentent souvent comme des ONG, elles échappent au contrôle du Ministère des Affaires étrangères et des Cultes, dont la Direction des Cultes est chargée  entre autres de tenir un œil sur les pratiques religieuses déviantes.

Les sectes présentes aujourd’hui en Haïti sont trop nombreuses pour que nous présentions un profil de chacune. Nous nous contentons donc de présenter pour le moment celui de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours plus connus sous le nom de Mormons et des Témoins de Jéhovah, qui sont  parmi les sectes les mieux organisées du pays.

 

  1. Bébel-Gisler, Dany. Cultures et pouvoir dans la Caraïbe : langue créole, vaudou, sectes religieuses en Guadeloupe et en Haïti. Paris: L’Harmattan, 1987.
  2. Chantin, Jean-Pierre. De sectes en hérésies: Étapes d’une réflexion sur la dissidence religieuse à travers les âges. Lyon (France): Presses Universitaires de Lyon, 2018.
  3. Clorméus, Lewis Ampidu. “L’Église Catholique Face à La Diversité Religieuse à Port-Au-Prince (1942-2012).” Archives de Sciences Sociales Des Religions, vol. 59, no. 166, 2014, pp. 157–80.
  4. Ferolus, Guy. Haïti et la folie de Dieu. Paris: Agence Francophone pour la Numérotation Internationale du Livre (AFNIL), 2012.
  5. Hyppolite, Sem. Comprendre les religions et les sectes : pour répondre à la grande commission. Port-au-Prince: C3 Èditions, 2019.
  6. Luca, Nathalie. “Pentecôtismes et Esprit d’entreprise En Haïti.” Archives de Sciences Sociales Des Religions, vol. 61, no. 175, 2016, pp. 87–110.

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