Quand tout un peuple se fourvoie!

Texte reçu le 20 février 2015

De Jean L. Théagène

Le char de Barikad sur lequel un chanteur a été électrocuté par un câble électricL’habitude des funérailles symboliques organisées à cor et à cri par les activistes de ce pays interpelle aujourd’hui comme mesure compensatoire la célébration des funérailles réelles de dix-huit jeunes carnavaliers haïtiens et dans le même temps celles d’un gouvernement dont le moins qu’on puisse dire est qu’il est mortifère.

Au fil de la discorde distillée d’abord à petites doses, puis à grandes goulées à un peuple invariablement affamé et assoiffé par les apparatchiks d’un mouvement en constante régression, il parait indiqué de donner à cette phratrie d’autres motifs de vie, de lui offrir d’autres voies d’accès dans sa quête permanente d’un épanouissement et d’un bonheur à la mesure de ses aspirations. La persistance dans l’échec est à nos yeux une démarche suicidaire. Et de tels rendez-vous, répétés à intervalles réguliers, sont indignes d’une collectivité qui a connu dans le passé l’exaltation des “prestations d’étoiles dans un ciel dévasté”.

L’occasion nous est offerte de contrôler le tirant d’eau et d’en maintenir l’étiage dans les digues de retenue devant faire tourner les turbines du progrès. Ce ne sont certes pas les bras qui manquent pour promouvoir les machines, ni des cerveaux pour concevoir les plans d’ensemble. Mais face au dysfonctionnement entre l’idée et l’action, entre le signe et son indice, il y a aussi mécompte dans les résultats. La méthode qui privilégie la dominante quantitative par rapport à l’efficacité est donc mauvaise.

Quand dans des survols démagogiques des basses-cours de l’histoire, des Chefs d’Etat au symbolisme galliforme:”Coq ou Pintade” débutent par la fin leur pèlerinage historique, c’est que quelque part dans leur pensée d’Homme d’Etat, il y a manque de vision. Vision d’un peuple en harmonie avec lui-même, d’un Etat fort et stable, d’une Nation capable d’intégrer la route du Progrès collectif à partir des venelles de la dignité, de la solidarité et de l’altruisme.

Toujours est-il que le mardi 17 février, le monde entier s’est réveillé aux échos médiatiques de dix-huit jeunes carnavaliers passés en une fraction de seconde à l’Orient Éternel et de soixante-dix-huit autres grièvement blessés, mais beaucoup plus chanceux.

Qu’est-il arrivé en fait?

Aucune enquête sérieuse devant déterminer la cause n’est jusqu’ici ouverte. Et sur ces entrefaites, des parents pleurent leurs êtres chers, le pouvoir en fait un capital politique et l’opposition de son côté établit le degré de culpabilité du gouvernement. On ne peut que déplorer de tels incidents que ne saurait inspirer aucun secteur. Car, aucune logique ne peut expliquer ce paradoxe historique qui veut que tant d’hécatombes surviennent dans notre morceau d’île au nom de l’homme comme pour nous rappeler qu’en fin de compte, nous ne différons pas trop des autres espèces, surtout de l’animale, dont trop souvent, malheureusement, nous singeons les comportements instinctifs et singuliers.

Tout en prônant parallèlement l’unité de la famille haïtienne toujours disposée à s’élancer vers les étoiles, L’UNDH prie les parents de ces Martyrs d’agréer l’expression de ses profondes sympathies. Qu’ils reposent en paix, ces victimes inattendues que pleurent tous Ceux qui, aujourd’hui, méditent sur le destin de ce morceau d’île, Haïti!

Dr Jean L. Théagène
Miami, le 19 Février 2015