A la recherche de vrais leaders

leadersDe mon petit coin, loin du patelin, j’observe les actions et écoute attentivement les déclarations quelquefois tonitruantes de ceux qui sont devenus, par un heureux hasard ou grâces aux fantaisies des puissants de l’international, nos leaders. Ils sont les responsables, à divers niveaux, d’un pays exsangue, en proie à toutes les misères. Et si, de temps en temps, ils font semblant de prêter attention à cette misère en offrant des palliatifs à travers des programmes sociaux sans lendemain et bien souvent humiliants pour les bénéficiaires, ils ne se préoccupent que leur propre avenir politique ou, dans certains cas, de leur survie.

Voyons un peu certains comportements retenus depuis le début de l’année. Ils viennent :

  • De ceux qui s’attachent à leurs nouveaux privilèges n’hésitant pas à se comporter quotidiennement en caméléon et au gré des fantaisies de leurs commanditaires.
  • De ceux qui, pour plaire, font miroiter, sans état d’âme, la perspective d’élections, alors que le peuple se fiche pas mal de ses joutes, sachant bien que son choix ne sera pas respecter et que quelqu’un, en fin de compte, lui sera imposé.
  • Des éternels opposants qui veulent revenir au principe du « rache manyòk » oubliant les expériences du passé et sans présenter une alternative.

Les partisans des uns et des autres, se tirent la bourre et se rivalisent en brutalités ou idioties, quand dans leur zèle et, manipulés, ils n’en font eux-mêmes les frais.

Alors que les leaders se perdent dans leurs continuelles chamailles, le pays continue à être un laboratoire où les ONG poussent comme des champignons, certaines faisant leurs premières armes dans le domaine; où des organisations internationales testent de nouvelles idées et théories ou simplement veulent démontrer la validité de leur existence; où des pays participant à la forme multinationale appelée MINUSTAH en tirent des avantages grassement financiers; où des entrepreneurs sans scrupules détectent un terrain propice pour augmenter rapidement leurs revenues, sans toutefois remplir toutes les obligations fiscales et sociales. Pire, le pays continue à être un marché lucratif pour les trafiquants de stupéfiants dont certains semblent jouir d’une impunité déconcertante.

Nos leaders, dans une dénégation totale, préfèrent donc se livrer bataille sur des sujets sans intérêt pour la grande majorité qu’ils représentent et qu’ils sont sensés servir. Ils se battent pour une part d’ « un gâteau » qui suscite autant de convoitises que de rancœurs. Ils se battent pour les millions qui viennent de partout pour des projets qui ne verront jamais le jour. Ils se disputent sur les ondes pour imposer un égo dépourvu de substance spirituelle ou une quelconque expérience dans la gestion des biens de l’État alors qu’ils pourraient profiter de l’occasion pour discuter des vrais problèmes et proposer au moins des ébauches de solutions.

L’occupation du pays depuis 10 ans, ils s’en fichent. Le peuple qui croupit dans l’ignorance et la misère, ils n’en ont cure. Sourds aux conseils des compatriotes appelés à leur en prodiguer, ils préfèrent arpenter les couloirs des ambassades pour prendre le pulse des vrais décideurs, se mettre à l’écoute de quelques puissants diplomates et multiplier les voyages à l’étranger dont on ne voit pas souvent les fruits économiques et diplomatiques.

Observant les actions de nos leaders et écoutant leurs déclarations, pendant cette première moitié de l’année, je me demande si mon pays a vraiment les dirigeants qu’il mérite. Je refuse de croire qu’il ne pourrait avoir mieux :

  • Des hommes et des femmes courageux et déterminés comme les preux de 1804;
  • Des hommes et des femmes de vision avec un projet de société viable;
  • Des hommes ou des femmes positivement tenaces, surtout quand ils sont confrontés aux responsables de l’international qui n’ont jamais d’ailleurs à cœur l’intérêt du pays.

La question c’est de savoir les dénicher dans le bourbier de l’après 1986 et les convaincre de se sacrifier pour le bien du pays.

J.A.